Bloguer plus pour gagner plus ou écrire à compte d’auteur ?

A force de lire tout et n’importe quoi sur la monétisation des blogs, de la rémunération des blogueurs ou sur le fait que tout travail mérite salaire, je me suis demandé ce que le blogging avait de si spécial qu’il faille sans cesse se justifier pour placer une publicité par-ci ou écrire un billet sponsorisé par-là, alors que personne ne trouve à redire à propos des publi-rédactionnels qui envahissent nos magazines papier… Mais chaque chose en son temps : au fait, c’est quoi déjà un blog ?

Définition du blog

Il est généralement admis que le blog est un média d’expression personnel ou collectif regroupant des textes, des images ou des vidéos et où les éléments les plus récents se retrouvent en tête de gondole.

Dis comme ça, si l’on met les vidéos de côté pour des raisons technologiques, il n’y a aucune différence entre un blog écrit par plusieurs auteurs et un magazine.

Le blog est un magazine comme les autres

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que je n’entre pas dans des considérations qualitatives ni même quantitatives : les goûts et les couleurs… En effet, si les premiers blogueurs ont donné le sacrosaint rythme du billet quotidien, nous ne sommes pas obligé de nous y tenir !

Comme les écrivains, les blogueurs ont chacun leurs motivations. Si les blogueurs historiques ont trouvé dans la blogosphère un espace de liberté dans la continuité des canaux IRC où la publicité était bannie, les blogueurs d’aujourd’hui démarrent souvent leurs blogs avec des interrogations relatives à la protection et la monétisation du contenu. Et-ce-n’est-pas-sale !

Le billet sponsorisé est-il un publi-rédactionnel ?

Dans ces conditions, pourquoi diable, la publicité et les publi-rédactionnels sur les blog ne sont-ils pas considérés de la même façon que dans les journaux et les magazines ? C’est assez simple à comprendre : que dirait-on si l’on trouvait un encart publicitaire ciblé à la fin de chaque chapitre d’un roman ? Franchement on ferait un peu la gueule, non ?

Vous me direz certainement qu’ayant acheté le roman en question, vous auriez le droit de vous plaindre de l’intrusion de la publicité. Et vous seriez dans le vrai…. Mais avouez quand même que vous auriez le même rejet de la publicité si le roman était publié à compte d’auteur et donné gratuitement…

Ce rejet de la publicité ne touche pas la presse quotidienne et la presse magazine, comme il ne touche pas les blogs de type « magazine » très présents dans le monde anglo-saxon, comme techcrunch ou mashable qui ont été, comme qui dirait « franchisés » avec fr.techcrunch.com et fr.mashable.com.

Curieusement, la version française de Techcrunch n’accueillera pas de billets sponsorisés après que les lecteurs du blog ont été invité à donner leur avis sur la question. Pour ma part, j’ai toujours cru qu’au moins la moitié des billets sur ce genre de blogs était soit des billets sponsorisés soit du copinage, ce qui revient au même et devrait faire réfléchir tout les blogueurs qui ont — ne serait-ce qu’une fois –, fait un lien dans un « En vrac » pour copiner 😀

En vérité je vous le dis, la plupart du temps, ce n’est pas la publicité en soi qui est rejetée : c’est lorsqu’elle s’affiche au milieu d’un contenu qui apparait ou qui est présenté comme un point du vue personnel sur les choses. Ce n’est pas étonnant quand on pense qu’à l’origine et jusqu’à preuve du contraire, le blog est traditionnellement un carnet de bord personnel, un journal extime voire un journal intime

Evitons l’intrusion intempestive de la publicité au milieu du contenu

Enfin, dans les magazines, il y a une séparation nette entre le contenu et la publicité. Sur les blogs, le traitement visuel des encarts et leur emplacement répondent aux mêmes lois que sur le papier, même si la spécificité du web fait la part belle aux listes de liens publicitaires qui peuvent se confondre avec une blogroll de bon aloi…

En revanche, il n’y a pas d’équivalent au billet sponsorisé dans la presse magazine : le publi-rédactionnel qui pourrait s’en rapprocher est une forme spécifique de publicité qui s’apparente à un article ou un dossier, mais qui n’a pas vraiment la prétention de se faire passer pour tel. D’ailleurs, son emplacement obéit pratiquement aux mêmes lois que les encarts publicitaires.

Pour finir sur le traitement des publi-rédactionnels, il est important de prendre en compte que s’ils reprennent souvent des éléments de la charte rédactionnelle alentour, on n’ignore jamais qu’il s’agit de publicité. Alors que même signalés, les billets sponsorisés reprennent en revanche presque toujours la mise en forme des billets « naturels ».

Extension du domaine du blog

Depuis peu, le format « blog » sert à véhiculer autre chose que le vécu ou les pensées d’un individu : les sociétés créent des blogs d’entreprise, des créateurs d’entreprise s’en servent pour créer du buzz autour de leur business, les Universités font de la veille technologique et les romancières l’utilisent pour se faire connaitre des maisons d’édition, etc.

Difficile dans ces conditions d’avoir un discours valable pour des pratiques aussi diverses et je ne pense pas que la solution passe par des barrières entre les blogueurs qui monétisent leur contenu et ceux qui sont réfractaires à la publicité. Le web et la blogosphère s’enrichissent des apports de tous, même si certains blogueurs s’enrichissent plus que d’autre…