Quelques notes sur le design graphique des sites web et autres futilités

Ces quelques notes sont le fruit d’une réflexion rapide qui fait suite au commentaire de Papier-pixel sur l’article Conception dans le navigateur avec HTML5 & CSS3. Il regrette grosso modo qu’il y a des thèmes récurrents dans mes billets qui tendent à laisser penser que le webdesign et la mise en place d’une vraie charte graphique ne sont pas indispensables. Le fait de coder directement dans le navigateur ou d’oublier photoshop pour finir par m’interroger sur la pertinence du design qui serait « inutile » dans 80% des cas nous entrainerait dans un web uniforme, sans véritable réflexion visuelle en amont.

Prologue

Il y a effectivement quelques articles dans ce blog qui explorent d’autres voies que celle de Photoshop, mais j’en ai écris encore plus sur le design et le graphisme (ne vous arrêtez pas aux derniers articles parus qui ne sont pas forcément représentatifs de mon point de vue). Petite précision avant d’aller plus loin : l’article où je m’interroge sur le graphisme qui serait inutile dans 80% des cas est une ode au design, ne vous méprenez pas.

Un seul design pour les lier tous ?

Le design ou la conception dans le navigation ne signifie pas absence de design ou de conception : c’est même tout le contraire !  Sur la question de l’uniformisation du design des sites web, il est important de prendre en compte plusieurs choses :

  • D’une part — et c’est le plus important — en quoi le fait que tous les sites se ressemblent est si grave ? Au pire, le visiteur a une impression de «déjà vu», au mieux, il ne perd pas de temps à se demander comment fonctionne le site.
  • D’autre part, les sites soi-disant graphiques se ressemblent tous d’une certaine façon (de mon point de vue, c’est valable pour l’immense majorité d’entre eux). La quantité de pixels utilisés n’enlève rien à une autre forme d’uniformisation. Sans compter que la plupart des fantaisies graphiques rendent souvent le site difficilement utilisable : il faut souvent entrer dans l’univers du graphiste avant d’entrer dans le contenu.
  • Par ailleurs, je pense que l’absence de design est parfois préférable à un mauvais design pour peu que le concepteur a fait attention à l’ergonomie et la navigation. Si en plus il a choisi une police de caractère lisible de 16px avec un interlignage de 24px contrastant suffisamment avec le background, c’est parfait 😉

Cela dit, il existe de nombreux cas ou l’on a besoin de faire entrer le visiteur dans un univers visuel : lorsque l’expérience immersive produit du sens en tant que tel en fonction de la marque ou du produit. Mais il ne faut pas se voiler la face : ces cas sont assez rares et quand on les rencontre, il sont malheureusement souvent mal fichus.

Le graphisme n’est pas une surcouche ?

Le webdesign est entré dans une phase de maturité où — n’en déplaise à beaucoup — le graphisme est une couche appliquée sur un marquage HTML, lui-même fruit d’une réflexion sur les différents types de contenus qu’il enveloppe. A cet égard, je ne résiste pas au plaisir de placer l’article Métiers du web — Je suis « enveloppeur web » moi monsieur !

Bientôt (dès demain, en réalité) de nombreux effets graphiques seront réalisés avec les langages du web, ce qui ne veut pas dire que Photoshop sera obsolète, bien au contraire. L’uniformisation des designs de sites réalisés avec HTML5 et CSS3 et «designés» directement dans le navigateur seront un type de prestation parmi d’autres.

Il y aura toujours besoin de créatifs originaux pour les projets où une «patte graphique» sera nécessaire. Mais au moins les créatifs devront-ils faire preuve d’un peu plus d’audace que mettre des dégradés, des coins arrondis ou des ombres portées dans Photoshop ou Illustrator…

Pour ne pas conclure

Lorsque je regarde de près les meilleurs «designs de l’année», je vois bien qu’il y a du travail de qualité, mais en creusant un peu, j’ai le sentiment qu’il s’agit souvent du portfolio d’un webdesigner réputé ou d’un site web réalisé par une agence pour un client qui a dépensé beaucoup d’argent. Bref, des projets que la startup ou la PME française moyenne n’a pas les moyens de s’offrir ou qu’elle ne veut pas payer.

Épilogue

Zut, à la relecture je me rends compte que je donne encore l’impression de sacrifier le graphisme sur l’autel de la sobriété et du mauvais goût. Il y a tellement de cas de figure différents qu’il est difficile de faire un seul billet sur cette question en restant concentré… Mais je reviendrai prochainement vers vous avec un billet sur la notion du Good Enough dans l’industrie du webdesign.