Quelques notes sur les éléments graphiques du webdesign

Une fois n’est pas coutume, je vais aborder la question du web design sous l’angle du graphisme, sans considération de langage de développement ou de technique en général. Je n’aborderai pas les questions liées à l’architecture de l’information, à l’ergonomie ou à l’accessibilité. A la place, après un aperçu sur le travail du Directeur artistique et du graphiste, je vous propose une liste commentées des éléments graphiques que l’on trouve de manière récurrente sur les sites web, avec pour chacun un rapide commentaire. 

La question du «pourquoi tel élément plutôt qu’un autre ?», rejoint un peu la question posée par Leibniz : «pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien dans l’univers ?». A laquelle je ne peux m’empêcher d’ajouter mon grain de sel sous forme de question subsidiaire : «pourquoi tel élément de «design» plutôt qu’un autre ?»

Direction artistique & Web design

Le Directeur artistique détermine le fond du message ; le graphiste s’occupe de la (mise en) forme. Le DA met sa connaissance des codes artistiques des temps passés, présents et futurs pour proposer un univers graphique sans se soucier des contraintes techniques. Quant au graphiste, il rend en quelque sorte «utilisable» le travail du DA en fonction du support et des techniques dont il dispose.

Chacun d’eux porte son attention sur une partie différente des bonnes pratiques liées à son métier. Le DA s’assure que les codes graphiques qu’il a retenus sont adaptés à la marque et à son public. Le graphiste veille à ce que la mise en oeuvre des choix graphiques respecte à son tour les attentes de la marque et du public.

En pratique, le DA évitera généralement de proposer des couleurs vives pour un site web vendant des articles funéraires et que le graphiste s’abstiendra de placer le logo et le champs de recherche en bas de la page. Si ces cas extrêmes sont généralement évités, il n’en reste pas moins qu’il n’est pas toujours évident de choisir entre des coins arrondis ou des angles droits, des dégradés ou des aplats de couleurs, du Stars and Stripes ou du Sex and Sun !

Finalement, la question que je me pose est la suivante : «quand et pourquoi se décide-t-on pour un coin arrondi ou pour un coin carré ?». Cette question est valable pour tout élément ayant un impact sur l’apparence d’une page web. Pour éviter de faire ces choix parfois cornéliens sur un coup de poker, voici quelques éléments de réflexion que j’ai rassemblé ici parce que vous le valez bien 🙂

En-tête, bannière et pied de page

Header

Les en-têtes de blogs plus ou moins délirants ont eu leur heure de gloire, mais ont fini par lasser. Ils sont souvent composés d’une image bariolée occupant la largeur du site ou d’une image centrée dans le background débordant largement de la largeur du contenu. On peut voir la première technique dans le thème par défaut de WordPress 3. La deuxième a été popularisée par des sites comme celui de Matt Mullenweg ou Web Designer Wall.

Un bon gros header

Footer

Les pieds de page sont souvent les laissés pour compte du webdesign. Toutefois, la mode des Big Footer leur a redonné une certaine importance, même si au départ, il s’agit surtout d’améliorer le maillage interne en mettant un paquet de liens. Pour faire passer la pilule, les plus créatifs ont utilisé cette zone, peu sexy en général, pour en faire quasiment la vitrine de leur site web. Voici quelques conseils pour optimiser votre Fat Footer (explications en français).

Exemple de big footer simple et graphique à la fois
Big Footer de Soh Tanaka

Colonnes et barres latérales

Il est assez rare de rencontrer un blog ou un site web composé d’une seule colonne. Tout au plus trouve-t-on des thèmes WordPress affichant l’article seul sans les barres latérales. Jusqu’en 2003 environ, les sites web étaient souvent composés d’une zone de contenu entourée de deux barres latérales. Dans celle de droite, on trouvait généralement le champs de recherche et les liens annexes, tandis que la colonne de gauche accueillait la publicités, des listes de liens extérieurs (blogroll), etc.

Les frameworks CSS permettent de créer une système de colonne pour votre site web
The Simpler Grid
The Grid Simpler : une grille simple et souple

Aujourd’hui, la tendance est clairement à une composition en deux colonnes : le contenu à gauche et la barre latérale à droite. Lorsqu’on a besoin d’une deuxième sidebar, elle est souvent située à côté de la première, avec la même largeur, mais pas forcément. L’idée maitresse est de créer une asymétrie graphique. Par ailleurs, la friction monétaire étant ce qu’elle est, cette organisation permet de mettre en avant le contenu pour les moteurs de recherche qui digèrent le code HTML de haut en bas et de gauche à droite (c’est peut-être différent pour les langues qui se lisent de droite à gauche).

Contours et angles

Arrondir les angles ou pas ?

Le modèle de boite du W3C reposant sur des angles droits, l’utilisation des coins arrondis a permis à une époque de sortir du lot. De fait, ils sont utilisés depuis longtemps malgré de nombreux obstacles techniques. L’arrivée de CSS3 et de border-radius, qui rendent accessibles les coins arrondis au plus grand nombre, remettront peut-être les angles droits ou irréguliers à l’honneur.

Cela dit, l’origine de l’engouement pour les bords arrondis est à chercher du côté symbolique. L’arrondi est une forme organique qui donne une impression de proximité affective. Il a un pouvoir immersif qui s’adresse au cerveau droit et joue sur l’émotionnel. A l’opposé, le coin carré s’adresse plutôt à la raison, à l’intellect.

L’arrivé de border-image avec CSS3 devrait élargir les possibilités créatives, en se rapprochant de ce que l’on trouve dans Illustrator, par exemple.

Rubans (ribbons)

Ils ont pratiquement toujours existés et le web ne cesse d’inventer de nouvelles formes dont le but est d’ancrer le ruban dans la page tout en le faisant ressortir. Force est de constater que les derniers rubans à la mode en provenance du monde anglo-saxon (oui, le jour où les graphistes francophones cesseront de se croire le nombril du monde…) réussissent ce tour de force.

Ombres portées

Elles ont toujours fait partie du paysage graphique autant en PAO et sont apparues sur le web dès que cela a été possible. D’abord en utilisant des cellules de tableau, puis avec des balises `div` imbriquées et enfin, depuis peu, avec les propriétés CSS3 box-shadows et text-shadows.

Bords déchirés

On voit relativement peu de contours déchirés ou de bords irréguliers, malgré leur fort potentiel graphique.

backgrounds

Fond blanc

Associé à du texte (presque) noir, le fond blanc présente le meilleur rapport de contraste que l’oeil puisse trouver. Il s’agit généralement de la couleur de fond de page par défaut des agents utilisateurs depuis plusieurs années. C’est une valeur sûre qui ne devrait être modifiée qu’après mûre réflexion 😉

Aplat de couleur

L’utilisation des aplats de couleur permet de faire ressortir une partie du texte tout en lui conférant une certaine puissance. Si en peinture, l’obtention d’un à-plat digne de ce nom n’est pas une sinécure, il n’en va pas de même pour la PAO ou le web où il suffit de saisir une valeur pour obtenir en beau «noir au blanc». Les sites web des années 2000 faisaient un large usage des aplats, tandis qu’aujourd’hui leur emploi est réservé à des petites portions de texte, comme des titres ou des encarts. Il peuvent être utilisés pour signaler les hors-textes en lieu et place des guillemets géants qui commencent à lasser un peu (mais c’est joli quand même).

Dégradés

Si les aplats de couleur sont roboratifs, les dégradés se digèrent plus facilement. Toutefois, ils restent peu utilisés sur le web à part dans les backgrounds en haut de page pour ancrer l’en-tête du site dans la fenêtre du navigateur. Ils devraient trouver une seconde jeunesse grâce à la nouvelle propriété gradient apparut avec CSS3. Attention à l’overdose : ces effets sont à utiliser avec parcimonie.

Zébrures (Stripes)

Les fonds hachurés ont eu leur heure de gloire dans les années 2005 — 2006 mais ils n’ont pas totalement disparus. Comme les dégradés, ils permettent d’utiliser une couleur de fond tout en restant léger. Il peuvent être orientés de plusieurs manières et présenter des tailles de zébrures variables. (cf. Des fonds hachurés avec la positive attitude).

Tartan

Le tartan est une autre manière de remplir un fond sans agresser l’oeil. Peu employé, il pourrait reprendre du poil de la bête. Voici un générateur de tartan au cas où vous voudriez prendre de l’avance.

Images

les visuels «Full Background» sont généralement à éviter, mais si votre produit ou votre thématique nécessite une immersion du visiteur dans votre univers, foncez ! L’essentiel est de garder un oeil sur la lisibilité d’ensemble. C’est certainement très subjectif, mais je trouve que les sites utilisant des images généreuses sur un fond noir avec du texte clair s’en sortent mieux que ceux qui utilisent des grandes images sur un fond blanc avec du texte noir ^^

Background « bruité »

Ces backgrounds utilisant généralement la fonction Filtre > ajout de bruit de Photoshop remplacent avantageusement les dégradés lorsqu’il s’agit de donner un peut de matière et de profondeur à la page.  Avec l’option bruit gaussien, les raccords entre plusieurs fond bruités sont un jeu d’enfant.

Fonds artistiques

Parmi les fonds plus ou moins artistiques — qui sont de plus en plus utilisés –, j’aime beaucoup celui de All For Design qui parvient à conserver un bon niveau de lisibilité malgré le faible contraste entre la couleur du fond et le texte.

C’est tout pour le moment

Cet article devrait trouver une suite avec quelques notes sur l’utilisation des textes, des illustrations, des palettes de couleurs, etc. N’hésitez pas à partager vos impressions ou à fournir toute information complémentaire susceptible de faire avancer le «schmilblick» 🙂