Wikileaks, le devoir d’ingérence ou d’infogérance ?

Suite au billet Wikileaks, les bons tuyaux ? je continue mon petit bonhomme de chemin sur le thème de Wikileaks et des questions que la publication massive de documents classés peut poser en terme de transparence, de démocratie ou tout simplement d’information. Je passerais rapidement sur l’article d’Owni Wikileaks et la révolte du clergé qui montre bien comment l’ouverture d’esprit est soluble dans le microcosme journalistique. La première InfoWar ? Allons donc, il s’agit plutôt de la première TupperWar qui se déroule dans le petit blocal (contraction de local, global et bocal) dans lequel s’excitent nos nouvelles ménagères de l’information (Information Managers).

On se rappelle que Bernard Kouchner avait créé (ou pompé) le concept de devoir d’ingérence, sur le même modèle que le devoir de mémoire. Il s’agissait — au nom des droits de l’homme — de remettre en cause la souveraineté des États dont les conditions sanitaires étaient désastreuses pour les populations. Une nouvelle forme d’évangélisme qui a pu en son temps être respectable parce que portée par des personnes dont on connaissait les motivations humanitaires (même si celle de B. Kouchner ont perdu en clarté récemment).

On serait tenté de faire un rapprochement avec le fonctionnement de Wikileaks qui aurait pour ainsi dire remplacé le devoir d’ingérence par le devoir d’infogérance à grande échelle. Non plus au nom des droits de l’homme, mais simplement au nom du droit des citoyens du monde entier de connaitre les rouages de la diplomatie d’un seul pays, les Etats-Unis.

Un dernier mot sur les « Digital Natives » dont parle l’article d’Owni : ‘on devrait plutôt les appeler les « Digital Naïves » tant la culture politique leur fait défaut. Et je ne fais pas dans l’anti-jeunisme : je mets dans le même sac les anciens qui regardaient les Guignols de l’Info que je n’ai jamais pu pifrer (les Guignol, pas les anciens, quoique…) et les jeunes qui ne jurent que par le LOL (le lol-journalisme, le lol-politique, etc.

Faut arrêter deux secondes de penser qu’il y a de l’intelligence dans le réseau. Internet, c’est plutôt l’auberge espagnole et il n’y a toujours qu’un très très faible pourcentage d’acteurs pour un gros pourcentage de spectateurs.

C’est tout pour le moment.