Logo HTML5 du W3C — Vers une redéfinition des métiers du web ?

Le W3C a demandé à l’agence OCUPOP de (re)penser l’identité graphique des technologies qui forment ce qu’on appelle généralement les standards du W3C. Ce vocable englobe toutes les technologies non-propriétaires développées et/ou adoubées par le Consortium. Ce dernier a surpris la communauté du développement web au sens large avec un nouveau logo censé englober les standards du web sous l’appellation «HTML 5».

«[…] It shines as bright and as bold as the forward-thinking, dedicated web developers you are. It’s the standard’s standard, a pennant for progress. And it certainly doesn’t use tables for layout.»
TAKE CONTROL — YOUR WEB, YOUR LOGO

En dehors des considérations purement graphiques et esthétiques (cf. les parodies du logo), ce logo interroge : le vocable HTML5 est-il un nouveau Buzzword comme l’a été celui de Web 2.0 pour relancer une nouvelle économie en perte de vitesse ? Probablement. Mais ce qui me pose question aujourd’hui, c’est surtout la réorganisation des métiers du web que cette proposition va certainement chambouler. Dans «HTML5» il y a «HTML», c’est-à-dire un langage de balisage utilisé par des intégrateurs Web qui ne sont pas forcément des développeurs web Javascript ou PHP.

Le fond

Ce nouveau logo rassemble les technologies suivantes :

Stockage offline
:
HTML5 Powered with Offline & Storage

Connectivité et temps-réel
:
HTML5 Powered with Connectivity / Realtime

Multimedia
:
HTML5 Powered with Multimedia

Effets graphiques et 3D
:
HTML5 Powered with Graphics, 3D & Effects

Accès aux périphériques
:
HTML5 Powered with Device Access

Performances et intégration
:
HTML5 Powered with Performance & Integration

Sémantique
:
HTML5 Powered with Semantics

CSS3 et styles
:
HTML5 Powered with CSS3 / Styling

Le tout regroupé sous la bannière :
:
HTML5 Powered with Connectivity / Realtime, CSS3 / Styling, Device Access, Graphics, 3D & Effects, Multimedia, Performance & Integration, Semantics, and Offline & Storage

On le devine, la maitrise de toutes les composantes de ce nouveau paradigme ne sera pas à la portée de tous et les malentendus risquent de perdurer lorsqu’on emploiera le terme HTML5. Si je m’en tiens à l’appellation actuelle de mon métier (intégrateur HTML & CSS), voici mon badge :


HTML5 Powered with CSS3 / Styling, and Semantics

C’est un peu réducteur. Je sens que je vais devoir faire un tour sur les composantes Multimedia, Effets graphiques et 3D, Performances et intégration. J’avoue être un peu perdu, et la page du W3C présentant le logo n’est pas très claire sur la signification des éléments composant l’identité graphique de HTML5. C’est dommage.

La forme

Les goûts et les couleurs des individus auxquels s’adresse un logo ne devraient pas être trop chatouillés. Force est de constater que le logotype proposé par OCUPOP (et choisi provisoirement par le W3C en attendant un plébicite des utilisateurs) fait couler beauoup de pixels depuis le 18 janvier. Ses détracteurs sont nombreux. On lui reproche un côté militaire trop prononcé.

A cet égard, le rapprochement entre le pictogramme Semantics et le grade de Sergent Chef se passe de commentaires. Son orientation graphique à la «Soviet» dans la plus pure tradition du futurisme des années 1920 donne un effet Back to the Future qui n’est pas très heureux lorsqu’on prétend faire entrer un ensemble de technologies dans la modernité…

A côté de cet aspect militariste, ce logo présente de nombreux points communs avec l’univers de la bande-dessinée : Superman, Transformers, etc. qui en disent longs sur la maturité supposée des utilisateurs des technologies du web (bon, ok, j’aime bien Superman… mais ça ne devrait pas entrer en ligne de compte).

Pour conclure

Nous ne sommes peut-être que des bidasses, de simples appelés dans la grande guerre que se livrent les multinationales avec leur volonté d’imposer leurs formats et leurs technologies, mais le pire dans ce logo, c’est son manque d’universalité. A l’heure où l’on parle beaucoup de neutralité du net, il serait bon que le logo représentant les standards du web et ses utilisateurs se fasse un peu plus universel, un peu plus humble pour ne pas prêter le flanc à la critique et aux détournements.