Martine 2.0 fait du blog d’entreprise

Le sujet des blogs d’entreprise est souvent traité de manière roborative dans la blogosphère. Il faut souvent lire des kilomètres de mise en garde sur les dix ou vingt erreurs à éviter et autres dangers qui peuvent impacter votre marque en terme de contre-performance, avant de tomber sur un article intéressant. Toutes ces tentatives pour mettre en place une plate-forme anxiogène à propos des blogs d’entreprise de la part de sociétés de conseil en marketing et autres agences de publicité qui en veulent à votre porte-feuille vous seront épargnées ici.

Les secrets pour avoir un blog d’entreprise efficace sont à portée de clic. Je vous les résume rapidement : un ton positif, gai et plein d’entrain avec un soupçon d’auto-dérision. C’est tout. Du positivisme qui ne s’interdit pas une certaine complexité par moment : le visiteur doit sortir de la blogosphère pour renaître, ou comme vous l’aurait dit Kyle MacLachlan : le dormeur doit se réveiller (ça, c’était avant de devenir Trey MacDougal)…

Cette digression cinématographique étant terminée, je reviens vers vous sur le thème des blogs corporate sur lequel j’ai lu quelques billets (le blogueur doit savoir s’influencer lui-même avant de s’adresser aux autres), et je me suis mis à rêver.

Ah… Les blogs d’entreprise. J’imagine le responsable d’une fabrique de jouets poser la question :

Dites-moi Martine, nous avons bien un blog, n’est-ce pas ?
Et l’assistante de la Communication de répondre :
Heu… Personne ne m’a mise au courant. Je vais me renseigner de ce pas !

A partir de là, Martine va en voir de toutes les couleurs :

  1. En fin de journée, la question du patron arrive dans l’oreillette du Responsable du Département Communication qui flaire-là une bonne occasion de grignoter le budget du Chef du Département Marketing qui grossit un peu trop à son goût (le budget, pas le Chef).
  2. Et hop ! l’affaire est dans le sac. Martine, qui s’y connait un peu, bouscule le service informatique qui lui fait une petite place sur le serveur de l’entreprise et lui ouvre un accès FTP.
  3. Martine est une grande fille. Ca tombe bien parce que le service informatique n’a pas que ça à faire. Elle installe donc elle-même DotPress et roule ma poule : pendant la première pause-déjeûner le premier billet est publié. Elle rigole pas, Martine !
  4. Comme elle a quelques talents d’écriture et de synthèse (ça tombe bien, ce sont exactement les compétences qu’on lui a demandé à l’embauche) et qu’elle est rapide et organisée, elle poste un billet par jour sur la vie de la société, les trucs et astuces pour mieux utiliser les jouets, une information par-çi par-là pour débiner la concurrence dans la joie et la bonne humeur 🙂 Pendant son temps libre, elle filme ses enfants qui jouent avec les jouets de la société. Et hop, ça alimente le blog de l’entreprise.
  5. Peu à peu, l’audience du blog dépasse le cadre de l’entreprise, et les statistiques grimpent, grimpent… Les commentaires se bousculent après chaque billet. Il faut dire que Martine qui ne connait pas l’url rewriting, a néanmoins trouvée l’option qui permet d’avoir ces belles adresses qui plaisent tant à Google.
  6. Chaque visiteur y va de son expérience sur les jouets, et parmi eux, de véritables experts proposent même des améliorations, voire des idées de nouveaux jouets !
  7. Chaque idée est soigneusement notée et suivie par Martine qui met en place des sondages sur le blog afin que le département Conception & Prospective puisse sortir une série limitée immédiatement proposée aux visiteurs les plus assidus.
  8. Martine, qui commence à se prendre au jeu, a effectué quelques modifications sur son blog : elle a opté pour un système multi-blogs. Les visiteurs passionnés reçoivent une invitation pour créer leur blog dans lequel ils décrivent la merveille qu’ils viennent de recevoir et l’utilisation qu’il en font.
  9. Ces retours précieux permettent d’optimiser les jouets qui partent en production dans l’usine délocalisée quelque part dans le monde. Les fournisseurs font bien leur travail, mais selon les pièces disponibles, ils prennent parfois quelques libertés : une pièce en moins ici, une forme légèrement différente par là, et c’est au final tout le mode d’emploi qui n’est plus respecté. Parce que dans la boite de Martine, les modes d’emploi sont rédigés avant la mise en production : ils ne tiennent pas compte des modifications de dernière minute. Maintenant, vous savez pourquoi tout est si difficile à monter soi-même…
  10. Revenons au blog de Martine. Elle a ouvert une nouvelle rubrique où les erreurs des notices techniques sont corrigées au fur et à mesure par la communauté qui grandit, grandit…Cette affluence qui ne ne cesse de grossir se répercute peu à peu sur les ventes de l’entreprise.
  11. Le bouche à oreille fonctionne très bien. Et puis Martine sait comment se faire accepter dans les forum consacrés aux petits et aux grands : elle y donne régulièrement des conseils.
  12. C’est là qu’elle a découvert que de nombreux parents vendaient sur eBay les jouets qui n’étaient plus adaptés à leurs enfants. Et hop, après discussion avec les gars du marketing (qui suivent de près les progrès du blog et qui n’attendaient qu’une occasion pour se rendre utiles), une plate-forme de vente pour les jouets d’occasion est mise en place…

Driiiiiiing Driiiiiiing… Driiiiiiing Driiiiiiing… Le téléphone ne s’arrête plus ? Et non, c’est le réveil qui sonne… Ce n’était donc qu’un rêve ?..