Framablog vient de publier un article prospectif sur le déclin de Firefox à cause de la monté irrésistible de Google Chrome. Le commentaire que je pensais laisser, s’est transformé en billet que j’ai préféré partager avec vous. J’ai été un grand fan de Firefox mais lorsque j’ai essayé Chrome le jour de son lancement, il a immédiatement et définitivement remplacé Firefox pour mon surf quotidien (je me sers toujours de Firefox pour le développement de site web à cause ou grâce à ses extensions).
Les arguments techniques
Je vous ferais grâce d’une argumentation détaillée pour évoquer dans le désordre : la rapidité de lancement, la vitesse de chargement des pages, l’occupation mémoire, les plantages récurrents, la sobriété de l’interface, le choix des extensions, etc. Mais le plus important est ailleurs et ces arguments techniques sont peu de choses et dépendent de ce que l’utilisateur attend et/ou de ce qu’il est prêt à supporter.
Comédie à l’eau de rose
Ce qui me frappe quand je pense à l’adoption de Firefox, c’est l’investissement idéologique et sentimental des utilisateurs que je trouve à la fois disproportionné et à côté de la plaque : les arguments techniques devraient être suffisant pour séduire les geeks, cible privilégiée de Firefox.
Or la communication pour promouvoir Firefox m’a toujours fait penser à une tentative d’embrigadement sectaire, à l’image du Think Different d’Apple : l’une et l’autre se sont servi de la firme de Bill Gates comme repoussoir (Internet Explorer, d’un côté, Windows de l’autre).
Le Geek, c’est chic ?
C’est certainement une très bonne stratégie pour attirer les geeks toujours prêt à croire que le monde ressemble à un scénario de Star Wars ; je suis beaucoup plus réservé en ce qui concerne le grand public. Je trouve même que cette communication est contre-productive car Mme Michu, elle s’en tape le coquillard d’adopter un joli Panda Roux : elle veut juste pouvoir accéder au Net si possible sans contretemps, c’est-à-dire sans plantage et sans être obligé de fermer ses autres applications sous prétexte que l’animal veut prendre toute la place dans le lit !
oh je pense quand même que les early adopters de FF – quand il s’appelait encore Firebird d’ailleurs – ont été séduits par le côté technique du truc et que le côté sentimental est venu – rapidement – par la suite… Trop content de disposer d’une version dépouillée de tout le « superflu » de Mozilla déjà, d’une vraie alternative gratuite et libre à IE après la « mort » de Netscape, etc. C’était mon cas en tous cas, je ne devrais pas généraliser… Après je suis d’accord que c’est devenu un attachement très sentimental chez beaucoup d’utilisateurs. Mais attention, cet attachement qui n’a rien d’objectif et qui tend à nier les problèmes sous-jacent du système adopté se retrouve aussi beaucoup chez les googlers 😉 leur capacité à nier les défauts des produits google est au moins équivalente à celle des apple-fanboys 😉 En fait, il me semble que c’est une sorte de constante en informatique quand on y réfléchit bien… (c’était mon petit troll du soir)
Le geek, par définition, est un passionné. Pas forcément d’informatique.
Le geek ne peut donc que s’attacher. Mais le geek n’est pas forcément compulsif et idiot. Le geek n’est pas un fan-boy. Et le geek sait utiliser son cerveau.
Conclusion, n’oublions pas l’éthique au profit de la seule technique. Oui, webkit est meilleur que gecko ou presto, mais si on n’utilise qu’un seul moteur on finit par se retrouver avec des sites développés pour un seul moteur. Puis pour un seul navigateur, puisque l’un d’entre eux a tendance à être utilisé de plus en plus. Et donc on se retrouve dans une position de monopole comme celle maudite qu’a eu IE6.
Pour être tout à fait honnête, j’ai été impressionné par Chrome, mais je n’ai pas lâche Safari pour autant à l’époque. Maintenant que Firefox 4 est là (la beta est tout à fait stable), j’ai lâché Safari.
Pourquoi ? Pour des raisons techniques (devenu suffisamment rapide pour que je ne voie pas de différence avec Chrome ou Safari dans la plupart des cas), ergonomique (interface personnalisable comme pour Opera, mais potentiellement dépouillée comme celle de Chrome) et éthique (on est face à un projet Libre. Pas Open Source, comme Chromium, Libre). Et je ne le regrette vraiment pas. Quelques détails imparfaits, mais ses concurrents ne font pas mieux ou oublient à côté un aspect essentiel.
Et j’insisterais sur ce point : il ne faut pas se centrer sur quelques navigateurs car alors il y aurait toujours un risque d’hégémonie. Un vaste ensemble de navigateurs est largement bénéfique. C’est pour ça que je teste souvent des petits navigateurs peu connus. Mais j’ai pas encore trouvé le Graal (et Chrome ne l’est définitivement pas)