On écrit pour être lu. De fait, parler de l’écriture pour le Web revient à parler de la lecture sur l’écran. En lisant les nombreux experts sur le sujet, il ressort que l’écriture Web doit être rapide et ne pas s’embarrasser d’analyses trop complexes. Au risque de contrarier les moteurs de recherche ? La lecture du billet de Sébastien Billard qui fourmille de liens sur la question le laisse supposer.
Je rencontre souvent cette opposition entre la lecture à l’écran et sur papier. A l’écran, la lecture serait rapide (l’œil scannerait même la page) et peu adaptée aux textes longs ou aux analyses complexes. Tandis que sur le papier… là, tout de suite, c’est plus sérieux, et ce ne sont pas les lecteurs de Voici ou Gala qui nous diront le contraire !
D’ailleurs à en croire Cortexte qui présente une analyse pertinente sur la rédaction web, il s’agirait ni plus ni moins que de faire un exercice de révision de texte pour l’écran cathodique et l’internaute impatient ou ennuyé.
La plupart du temps, les bons conseils pour bien écrire pour le web sont les mêmes que pour bien rédiger tout court. De là à penser que de nombreux spécialistes du «click» ne nous sortent que des resucées du «mortar» il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.
Vous me voyez venir ? On confond lectures et lecteurs. Comme s’il fallait forcément adapter sa prose au plus petit dénominateur commun. Comme si le lecteur sur le Web était si différent de l’autre, sur papier. Les préconisations pour bien rédiger sur le web sont souvent à mi-chemin entre le style rédactionnel à la mode dans l’entreprise (sujet – verbe – complément) et le kikoulol (comme son nom l’indique) !
Il existe heureusement des points de vue plus nuancés, mais ils se font rares…
Écrire efficacement ?
A mon humble avis, si les pensées de Jacob Nielsen ont été largement diffusées, elles n’ont pas toujours été bien digérées 😉 Je note une similitude flagrante entre les conseils donnés pour bien rédiger pour le web et ceux donnés pour mieux communiquer dans l’entreprise avant même l’arrivée massive des écrans et d’internet.
Le point commun entre les deux mondes étant moins la présence de l’écran que le temps imparti à cette activité qui n’est pas rentable en elle-même, et au fait que l’on suppose que le visiteur est toujours pressé de finir la lecture de ses 400 flux RSS dans l’heure. Pour se faire une place dans l’emploi du temps de l’internaute il faudrait donc se faire tout petit ? C’est peut-être vrai pour certains. Et encore, rien ne dit que ces derniers ne prennent pas le temps de lire un article long et complexe de temps à autre.
En réalité, l’écriture pour le Web dont on parle tant s’adresse surtout au secteur marchand où la rédaction d’une description est primordiale pour la vente ou le référencement d’une part, et pour que le lecteur trouve les produits recherchés le plus rapidement possible, d’autre part.
Calmer le jeu
Comme le medium transforme le message, la présentation, le style d’écriture, la longueur des lignes, le nombre de ligne par paragraphe et l’espace entre deux pavés de textes influent sur la préparation mentale du lecteur à se plonger dedans. La lecture facile à l’écran demande toutefois quelques précautions : inutile de proposer le grand plongeon si l’eau n’est pas bonne (texte encadré de visuels ou publicités intempestives).
Difficile en effet de se plonger dans la lecture dans un environnement hostile ou bruyant. Merci FeedBurner Email, merci FeedBlitz !
Plus c’est long, plus c’est bon ?
Non, bien évidement. Mais dans certains cas la longueur est nécessaire à l’enchainement des idées, à l’argumentation ou simplement pour donner des exemples. Mon avis sur la question, c’est qu’il n’y a pas de règle concernant la longueur optimum pour un texte : tout dépend du sujet, de l’angle de vue et du registre.
Toutefois, il est possible de se faire une idée en observant la presse écrite où l’unité de mesure est le feuillet, soit 1500 signes. A raison de 60 caractères par ligne (moyenne qui permet d’obtenir une lecture fluide en français), on obtient 25 lignes.
Une idée, un feuillet, un billet
En quoi cette notion de feuillet peut-elle nous aider à trouver la longueur optimum pour un billet ? Tout simplement parce que cette notion de feuillet n’est pas tombée de la dernière pluie : elle permet de présenter une idée avec une introduction, un développement en deux ou trois parties et une conclusion.
Soit, si on aime les chiffres :
- 5 lignes pour introduire le sujet,
- 15 lignes pour argumenter
- et 5 lignes pour conclure.
Reste à définir le nombre d’idées que vous voulez développer et vous aurez une idée du nombre de signes à écrire. L’est pas belle, la vie ?
Miracle, un billet d’un blogueur sans fotes!
C’est quoi le problème avec les fautes !! ?? 🙂
Yes vive les billets cours (avec des fautes en prime).
Je vais monter l’assoc des blogueurs qui écrivent avec des fautes et qui l’assument.
Kikooo_
Comme quoi les fautes font parfois plus réagir que leur absence 😉
A mon avis, en cherchant bien on doit en trouver, non ?
Merci pour cet avis éclairé. Petite remarque en passant : le plugin pour bookmarks.fr (en fin de billet) ne fonctionne pas, il s’agit sans doute de l’ancienne version.
Très intéressant, et je suis assez d’accord sur le fait qu’il n’est pas forcément utile de faire des textes courts, j’ai tendance à en tartiner des tonnes dans mes billets et même si je ne peux pas être sur que les lecteurs lisent tout ca n’a au moins pas l’air de les faire fuir 😉
papoo > Merci à toi Maître du Lien Très Frais 😉 En ce qui concerne le ploug bookmarks, effectivement il n’est pas en forme. Je l’ai désactivé en attendant de trouver le remède.
CerberusXt > Continue d’en rajouter des tartines car ça en fait plus à apprécier 😉
A propos d’écriture web, voir aussi l’excellent article de François Hubert sur Usabilis :
http://www.usabilis.com/articles/2005/ecrire-web.htm
la polémique est sympa mais le texte est trop long. je suis sans doute un internaute pressé comme les autres.
J’ai vu ton billet sur Twitter et je ne regrette pas d’avoir suivi le lien.
Je retiens 2 choses de cet article :
l’importance de ne pas s’étendre… un article c’est pas comme du fromage (ben oui, généralement plus le fromage est vieux, plus il s’étale et plus il a de goût !). J’en a fait la cruelle expérience avec un article de 500 lignes qui m’a pris des jours à écrire et qui n’a eu que 1500-2000 lecteurs pour l’instant :s
qu’un peu de bon sens, ça vaut parfois plus que toutes les élucubrations de spécialistes plus ou moins auto-proclamés.
Reste un gros problèmes pour nous, petits francophones malchanceux… c’est que pour toucher un large public, nous sommes contrains d’écrire en anglais. Et là, à moins d’être parfaitement bilingue, c’est presque impossible d’écrire quelque chose de convenable…
Article très intéressant et j’aime beaucoup le fait que vous mettiez en avant le fait que la théorie c’est bien mais qu’il faut aussi savoir agir avec intelligence!
Par contre, je voulais juste dire que la lecture sur écran est 2,5 fois plus lente que sur papier alors j’ai été étonné que vous ne le mentionnez pas, lorsque vous avez dit que la lecture sur écran était rapide.
De plus, je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait que l’oeil scanne la page. Je travaille dans le domaine du eye tracking et il est vrai que de nombreuses études ont montré que l’oeil saute entre les mots sans se poser sur chacun d’eux 🙂
@Tsedaka -> Oui, c’est toujours un peu rageant de voir que le temps passé sur un article de fond ne fait pas autant de visites qu’on l’espérait. D’ailleurs, c’est pour ça que je fais régulièrement des tweets intitulés [C’est dans les vieux po(s)s que…] qui servent justement à remettre dans le circuit des billets relativement intemporels qui n’ont pas trouvé leur public à la date de leur publication initiale 😉
Sur le fait d’écrire en anglais, j’y pense parfois pour certains tutoriels illustrés. Je me dis que le style d’écriture et les erreurs éventuelles seront pardonnées si les captures d’écran ou les exemples de code se suffisent à elles-même.
@Blaise -> Je n’ai pas parlé de la vitesse de lecture parce que ça ne veut pas dire grand chose. On peut évidemment diviser par 2,5 un texte prévu à l’origine pour l’imprimé, mais lorsque le texte est écrit directement pour le web, c’est plus délicat de savoir quelles idées il faut sacrifier.
Alors évidemment, le fait que la lecture est plus lente à l’écran implique de modifier certaines (mauvaises) habitudes littéraires acquises à l’école (phrases alambiquée, forme passive, enchainement de complément circonstanciels, etc).
Mon parti-pris c’est que ces habitudes sont mauvaises également pour du texte imprimé.
Concernant le tracking, je suis également circonspect. Le fait que l’oeil s’attarde sur certains mots ne signifie nullement que les autres ne sont pas vu/lu. Le processus de lecture ne ne réduit pas à poser l’oeil sur chaque mot. Chaque lecteur a ses propres habitudes selon ses compétences.
En tout cas, pour ce qui est de la lecture des articles longs, pour ma part, je suppose que cela dépend vraiment du contenu et de l’intéressement du sujet vis à vis de la cible supposée.
Cette page est en onglet dans mon navigateur depuis que l’url a été twittée, et je ne le lis que maintenant que j’ai un peu de temps. Alors c’est sur que j’arrive après la bataille, et que bon nombre de personne n’aura pas lu mon commentaire, mais qu’importe. L’essentiel n’est-il pas que le message soit passé ?
Je pense que l’essentiel à retenir, c’est comme l’a mis en avant Blaise, c’est de rédiger le texte intelligemment.