Dans le monde de la création d’objet destiné au monde réel, le designer a l’habitude d’intégrer l’ergonomie dès le début de sa démarche créative. Il n’y parvient pas à tout les coups, mais toujours est-il que le but ultime de tout jeune designer est de créer un objet adapté à l’usage et à l’usager.
Cette quête de l’ergonomie (et de l’économie de moyen) est aussi présente dès les premières années d’étude d’architecture : les espaces de vie doivent répondre à des normes strictes et tenir compte de contraintes indépassables comme les mensurations du corps humains ou les lois de la gravité.
Dans les Arts graphiques en revanche, c’est autre chose. Nombreux sont les graphistes qui balaient d’un revers de la main toutes considérations pratiques au motif qu’elles entravent un soi-disant « génie créatif ». Pour attirer l’attention, il faudrait faire preuve d’audace, chambouler les codes graphiques : détournement, collage… L’esprit contestataire de Mai 68 est encore bien présent dans les arts graphiques alors qu’il ne reste souvent qu’esthétique dans la musique.
Le graphiste est un rebel. C’est pour celà qu’il se méfie de Jakob Nielsen (à supposer qu’il en ait entendu parler) dont le discours vise à uniformiser les services en ligne autour de bonnes pratiques validées par moults tests in vivo et in vitro sur les utilisateurs… pour les utilisateurs.
L’énorme différence entre d’un côté l’architecture et le web design, et de l’autre, les arts graphiques, c’est que pour les deux premiers, le pendant artistique n’est généralement pas la finalité, la finalité ce ces objets, c’est leur utilisabilité, leur aspect pratique, informatif, etc.
Pour les arts graphiques c’est bien différent, puisque la finalité est ici l’art, lui-même. C’est de l’art, pour l’art. A l’état pur. Donc par définition sans contraintes.
Complètement d’accord avec toi !
(c’est d’ailleurs exactement l’argu présent dans mon book/cv…)
Je pense que c’est sûrement issu du fait que pour le design graphique print, ou même motion design … les contraintes d’utilisabilité, de visibilité/lisibilité sont moins fortes…
Mais avec le web et son interaction avec l’utilisateur, l’ergonomie / les usages / l’accessibilité … prennent beaucoup plus de place et doivent cohabiter avec le graphisme. … le support devient un « objet utilisable, manipulable par l »utilisateur » … tout comme un objet de la vie courante … ou un espace de vie…
Alors oui … le webdesigner devrait plus s’apparenter à un designer produit / architecte qu’a un graphic designer …
Canardo, je pense que Bruno, lorsqu’il parle des arts graphiques dans son article, faisait référence aux graphistes web. Donc au graphisme en terme d’art appliqué (au web) et non en terme d’art plastique.
Ceci dit, je suis tout à fait d’accord avec ce que tu as écrit.
Si on s’oriente au niveau de la satisfaction client uniquement, il doit être possible d’expliquer au designer qu’il est possible de faire de quelque chose d’utilisable, quelque chose de beau (et surtout pas le contraire).
Les arts graphiques ont une finalité : transmettre un message, emballé un produit, contenir de l’information, etc.. On est donc loin de l’art pour l’art comme l’ont prôné les aficionados de l’art abstrait par exemple.
Le graphiste est un agent opérationnel au service, au sein d’une chaine d’information : il travaille à transmettre un sens, une signification ; alors que l’artiste transmet un sens, une sensation.
Pour moi, le graphiste est plus un designer qu’un artiste, mais tant mieux si la qualité de son travail atteint un niveau artistique (il pourra la facturer plus chère !!!)
oula faudrait voir a pas faire de généralité non plus…
je suis d’accord avec artxtra le graphiste n’est pas un artiste, et s’il a pu l’etre il l’est de moins en moins. L’ergonomie est un métier (poste : ergonome) il serait par contre interessant que les ecoles s’interesse au sujet dans la formation du graphiste.
Bonjour!
Justement j’ai un forum sur le sujet! si cela vous intéresse!
C’est exactement ce que dit Vincent! incroyable, c’est rare… lol
Salut à tous,
Le débat est toujours intéressant afin de savoir les différences entre un designer et un experts en Utilisabilité. Voici mon avis : http://www.simplifyinginterfaces.com/2008/11/pour-quun-projet-soit-un-succes-il-faut-une-complementarite-importante-entre-les-experts/
Bonne semaine.
Marc
Oh comme je suis d’accord !
N’y a t-il pas aussi une différence culturelle entre latins et anglo-saxons au sujet du design ? Il me semble que les anglo-saxons ont moins de difficultés avec cette frontière design-art et ne complexent pas sur l’aspect artistique lorsqu’il s’agit de design objet ou d’interface.
@Emmanuel Clément — Oui, tout à fait, mon opinion c’est que — grosso modo — en France nous avons des Ecoles où les professeurs cherchent une reconnaissance auprès des élèves qui a leur tour…
Bref, c’est un peu comme en politique avec les gens qui sortent de l’ENA (alors que le plus dur est d’y entrer…) en se pensant différents des autres.
Les anglo-saxons sont plus pragmatiques et moins donneurs de leçons. Ils s’interrogent sur leur pratique en matière de créations graphiques contrairement à la France où les génies créatifs ne se donnent pas trop la peine de partager leurs savoirs, tout au plus daignent-ils montrer leur savoir-faire dans des port-folio. Ca va rarement plus loin.
C’est peut-être là qu’il faut chercher la réponse à ceux qui se demandent où sont donc les bons graphistes en France ? 😉