Le Graphisme au XXe siècle est la traduction française de Graphic Design (A Concise History) écrit par Richard Hollis et publié en 1994. Ce livre est une mine d’or pour pour qui veut connaitre l’histoire du Graphisme à travers les pays qui lui ont donné ses lettres de noblesse : le futurisme et l’Italie, la Russie soviétique, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse, la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Europe du Nord. Il contient plus de 800 illustrations et le texte est très riche. Je lis généralement en prenant des notes pour plus tard ou en surlignant les passages qui me plaisent au Stabilo. Ce billet est la compilation des extraits qui ont plus particulièrement suscité mon intérêt. Ils ne suivent pas forcément l’ordre des pages et certains passages ont été remaniés afin de rester compréhensibles une fois sortis de leur contexte.
- Les trois fonctions du graphisme sont : identifier, informer et promouvoir.
- Contrairement à l’artiste, le graphiste travaille en vue d’une reproduction industrielle.
- Les progrès des arts graphiques sont dus à quelques pionniers qui travaillaient en équipe.
- Les arts graphiques sont un langage à la grammaire indéfinie dont le vocabulaire s’étend sans cesse.
- Les imprimeurs du moyen-âge réutilisaient déjà à volonté les illustrations gravées sur bois.
- L’affiche est le premier support et l’entité la plus élémentaire des arts graphiques, mêlant le texte et les images.
- La règle de base de l’Isotype est que la représentation d’un nombre important d’éléments doit se faire par de nombreux signes (et non par un seul signe de grande taille).
- Eléments de base de la «typographie Bauhaus» : linéales, chiffres surdimensionnés et barres horizontales ou verticales pour utilisées de manières esthétique et pour hiérarchiser l’information.
- En 1906, les timbres dessinés pour la Bosnie-Herzégovine furent les premiers à utiliser la photographie.
- Les graphistes viennois restaient cependant avant tout des artistes et il fallut longtemps encore avant que la profession de graphiste n’existe à proprement parler.
- Les biscuits Bahlsen, le café Hag et les encres Pelikan furent parmi les premiers à adopter l’idée d’une image de marque.
- Le matériel publicitaire que Behrens conçut pour AEG, austère et géométrique, est considéré comme la première utilisation d’un graphisme élaboré au service d’une politique commerciale.
- Le concept du «style maison», ou de charte graphique fut développé dans les années 1930 par Olivetti et par la Container Coroporation of America (CCA).
- La première guerre mondiale affirma l’importance du graphisme.
- A la fin du XIXe siècle, la lithographie permet aux artistes d’imprimer de grands aplats de couleur, ce qui leur donne la liberté de dessiner eux-même les lettres plutôt que d’utiliser la gamme restreinte des caractères existants. Cette nouvelle maitrise de l’impression marque la naissance du graphisme.
- Le métier de graphiste date du milieu du XXe siècle.
- Les affiches des pays en guerre reflétaient leur niveau de développement graphique.
- Mallarmé considérait la double page d’un livre comme un seul et même espace.
- Le futurisme marque une rupture avec la mise en page traditionnelle et symétrique.
- Après la révolution de 1917, les arts graphiques devinrent un outil de communication de masse.
- Les livres conçus par Lissitzky expriment l’idée selon laquelle les mots imprimés sont vus et non pas entendus.
- Au sein du Bauhaus, une analyse approfondie de la communication visuelle commença par celle de l’alphabet.
- Koch avait repris le Erbar, un caractère géométrique du début des années 1920, pour son Kabel qui apparut en même temps que le Futura, en 1927.
- Le style moderne internationale survécut au nazisme pour réapparaitre dans les années 1960 sous le nom de «style suisse».
- L’agence de publicité est une invention américaine.
- Dans le travail de Cassandre, c’est le texte, la lettre qui déclenchent les idées qui engendrent la forme plastique.
- L’affiche déclina au cours des années 1930 face au développement des magazines affichant de la publicité.
- De nos jours, l’art de la mise en pages tire sa force de la libre association des techniques. Avec un appareil photo, une paire de ciseaux, une bouteille d’encre de chine et de la colle, une composition peut naitre et une idée nouvelle s’exprimer — Alfred Tolmer, imprimeur à Londres en 1931.
- Aux Etats-Unis, dans les années 1930, les similitudes entre les pages éditoriales et publicitaires étaient révélatrices de l’interdépendance économique de la presse et de la publicité.
- Aux Etats-Unis, la profession de directeur artistique était antérieure à celle de graphiste. Le club des directeurs artistiques de New York fut fondé en 1920.
- Mehemed Fehmy Agha s’occupa de la direction artistique de Vogue, de House and Garden et de Vanity Fair. On lui doit la grille de maquette en double pages et l’utilisation de faux textes. Il fut le premier à considérer un magazine comme une succession de double pages plutôt que comme une suite de pages individuelles. Il est considéré comme le premier directeur artistique moderne.
- Quand la simple énumération des faits est insuffisante, laborieuse ou peu claire pour le lecteur et qu’une organisation visuelle s’impose, il faut alors faire appel au graphisme — Will Burtin.
- C’est justement quand vous commencez à vous ennuyer de votre création que votre public commence à la remarquer.
- Le graphiste, affirmait Lou Dorfsman, doit être capable de montrer que le projet répond à un besoin, comment il fonctionnera, ce qu’il coûtera, à qui et comment il sera diffusé.
- Au milieu des années 1960, le graphisme fut enfin reconnu comme une profession à part entière et les mensuels spécialisés comme Print, Communication Arts et Art Direction témoignaient de son excellente santé.
- En 1940, la CCA avait créé son «laboratoire graphique», équipé d’une caméra qui enregistrait les mouvements de l’oeil sur un dessin.
- Tschichold affirmait que le Bauhaus commettait deux erreurs : le rejet de toute mise en page centrée et l’utilisation exclusive de linéales.
- Le système de grille de Gerstner trouvait sa source dans l’unité de base de mesure typographique et non dans les proportions de la page.
- En 1957, le caractère sans sérif Neue Haas (rebaptisé Helvetica) devint incontournable pour les graphistes «constructivistes» des années 1950 et 1960.
- La charte graphique d’Olivetti concernait même les logements, les écoles et les hôpitaux créés pour les employés.
- Dans les années 1950, les photographies détourées accompagnées d’aplats de couleur devinrent des éléments incontournables du graphisme italien.
- Au magazine Elle, dans les années 1960, Peter Knapp diposait d’un personnel considérable : 14 maquettistes, 2 retoucheurs, 1 dessinateur de lettres, 5 photographes de laboratoire, 5 compositeurs, 5 illustrateurs et 6 photographes de modes et leurs assistants.
- Les graphistes suisses, comme Knapp, avait une formation complète et étaient habitués à des exigeances techniques inconnues en France.
- En Grande-Bretagne, après la seconde guerre modiale, les arts graphiques participaient au programme de reconstruction économique et sociale.
- Pendant les années 1950, les graphistes se forgèrent une identité professionnelle en adhérant à la Society of Industrial Artists qui leur offrait une charte professionnelle semblable à celle des architectes.
- La qualité typographique du livre en Allemagne reposait sur les règles de composition établies par des graphistes tels que Renner et Tschichold dans les écoles d’imprimerie d’avant-guerre , et grâce auxquelles les mots et les lignes étaient correctement espacés, un aspect souvent négligé dans d’autres pays (particulièrement en France).
- Si l’on considère le graphisme comme un moyen de résoudre un problème, tout ce que l’on peut espérer communiquer, c’est le problème lui-même. Le style est un virus — Neville Brody.
- Grâce à l’informatique, le nombre de caractères disponibles dépassa le millier dès les années 1980.
- Tant que nous aurons besoin de l’alphabet et de l’image, le graphisme existera.
Pour terminer cette longue liste, voici ce que pensait Ashley Havinden, qui résume parfaitement l’éclectisme dont doit faire preuve le graphiste :
Le graphiste est celui qui est capable de résoudre les problèmes de communication, quel que soit le médium imposé. Les graphistes sont libres de s’inspirer du classicisme de l’Antiquité, du fonctionnalisme du Bauhaus, de la symétrie du XVIIIe siècle, du réalisme de la Renaissance, de l’expérimentalisme cubiste, des bizarreries victoriennes, des images oniriques surréalistes, des photographies d’amateurs, des dessins industriels, des divisions de l’espace dans l’art abstrait et l’architecture moderne, de la typographie du XVe siècle, de la radiographie, de la gravure sur bois, de la nouvelle typographie de Tschichold, etc.
Le Graphisme au XXe siècle
Richard Hollis
Traduit de l’anglais par Christine Monnatte
ISBN : 2-87811-115-X
J’espère que ces quelques notes vous auront donné envie d’en savoir plus sur l’histoire du graphisme dans le monde. Si le format de ce billet vous plait, j’ai d’autres vieux bouquins dans ma bibliothèque qui n’attendent qu’une relecture pour se manifester !
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