Dans Webdesigner est-il ? j’évoquais mon parcours Print où une grande partie de mon travail consistait à mettre en pages des publications périodiques. Dans Intégrateur web + graphiste = intégraphiste, j’ai émis l’idée saugrenue qu’un intégrateur Web pouvait avoir une sensibilité et des compétences artistiques lui permettant d’aborder la création d’un site Web avec un point de vue différent de celui du graphiste artistico-créatif ou de l’intégrateur technico-bourrin. L’intégraphiste peut être très exigeant sur les aspects purement graphiques d’un site Web, tout en acceptant facilement l’idée qu’un site n’a pas forcément besoin de graphismes (le «s» est important) pour fonctionner.
A partir de quel moment a-t-on besoin de graphismes ? Pour Will Burtin, les choses sont très claires :
Quand la simple énumération des faits est insuffisante, laborieuse ou peu claire pour le lecteur et qu’une organisation visuelle s’impose, il faut alors faire appel au graphisme. Celui-ci doit avoir les qualités d’une bonne prose. Sa lisibilité doit être parfaite.
A la lumière de cette citation, on peut conclure que travailler sans le contenu est un non-sens. Les graphismes devraient faire leur apparition lorsque toutes les autres possibilités ont été épuisées. L’absence de graphismes n’est pas l’ennemi du design, c’est peut-être même tout le contraire. Il est souvent bon de s’attarder sur la phase de placement des blocs de contenus et les relations qu’ils entretiennent entre eux.
Le design minimalisme est toujours une bonne option
Les plus sceptiques d’entre vous penseront certainement qu’il est difficile de se tromper lorsqu’on ne fait rien, et qu’à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Certes, mais pourquoi votre client ferait-il les frais de votre envie de faire des dessins un peu partout ? Pourquoi ne pas se contenter de textes noirs sur fond blanc sans autre fioriture graphique que le logo du client ? Je plaisante. Il est évident que votre client est unique et que son site Web devrait refléter cette singularité.
Mais comment traduire cette singularité ? A partir de quel moment se dit-on : «Tiens, là, je fais un truc sobre, ça va le faire», ou «Et puis non , je vais mettre le paquet sur le fond de la page» ou encore «Allez hop, je vais lui en mettre plein la vue !» ?
Le Webdesign au kg : je vous en mets pour combien ?
La question du budget ne devrait pas entrer en ligne de compte quand il s’agit de créativité, mais force est de constater que les considérations financières ont un impact qui n’est pas négligeable sur le résultat final. Un site Web sobre et/ou minimaliste coûte forcément moins cher qu’un site avec de nombreux graphismes, n’est-ce pas ? Par graphismes, je fais référence à tout ce qui n’est pas uniquement réalisé avec des aplats de couleur, du texte ou des filets réalisé à l’aide de HTML et de CSS.
Les effets CSS3 changent un peu la donne en la matière, mais dans la plupart des cas, les concepts d’amélioration progressive ou de dégradation gracieuse ne sont pas toujours pertinents au regard de l’ouverture d’esprit des interlocuteurs ou de votre motivation à faire plusieurs sites pour le prix d’un.
Ceci n’est pas une conclusion
Ce billet est une réflexion en cours, une sorte de prélude pour me motiver à écrire un article sur les différentes manières d’aborder la conception graphique, un peu à l’image du livre Exercices de style de Raymond Queneau. Beaucoup de questions donc, et peu de réponse dans ces quelques notes qui me servent à garder une trace des notes pour lesquelles je n’ai pas encore trouvé l’angle d’attaque qui permettrait de mieux structurer mes idées. Soyez indulgent et n’hésitez pas à apporter votre point de vue dans les commentaires pour faire avancer le Schmilblick.
C’est marrant, de mon point de vue dev/intégrateur, je me sens tout à fait concerné avec le design de mon blog … le minimalisme est d’ailleurs l’apanage des plus grands sites, si on y regarde bien !
Voici un billet réellement excellent car il ouvre des réflexions sur des questions fondamentales dans nos métiers.
Il est vrai qu’un bon site – au sens ergonomique, où les contenus sont facilement accessibles, où l’internaute ne fait face à aucune frustration pour avoir des informations – n’a pas forcément besoin de graphismes.
On pourrait d’ailleurs citer quelques modèles de sites assez minimalistes qui se contentent de plages de couleurs et de bordures habilement choisies.
Actuellement, le graphiste et le client a souvent tendance à déterminer des tarifs au poids du rendus. Et c’est dommage. Plus il y a de graphismes et d’effets, plus cela sera cher. Or, dans le cadre d’un *bon* site, c’est en mon sens injustifié.
On devrait plutôt payer l’expertise d’un intégraphiste capable de mettre en place un site qui correspond à la singularité du client. Or, cette singularité peut très bien s’exprimer par du minimalisme. Le tout est de faire les bons choix par rapport aux besoins et aux objectifs fixés.
En plus, ce n’est pa si facile de faire minimaliste ! Si on veut le faire bien. 🙂
D’ailleurs, j’imagine bien un poney qui vole avec des paillettes en haut à droite de ton site, non ?
Simon -> Pour les sites d’envergure, le minimalisme correspond souvent *aussi* à des impératifs de performances (en plus du côté « classe »). Si tu es concerné par le design de ton blog, c’est que tu es sans doute un intégraphiste 🙂
Uty -> Oui, c’est dommage que le graphisme soit souvent vendu au kg. Pour faire un parallèle avec le commentaire de Simon plus haut, la plupart du temps les webdesigns surchargés se retrouvent sur des sites de PME qui en veulent pour leur argent.
Tout d’un coup, je viens de comprendre tellement de choses. Mais je ne posterai pas d’url de sites. Cela ne serait pas classe.
En tous les cas, j’ai hâte de lire les prochains billets !
*pression*
C’est marrant que tu ne parles ni des maquettes fonctionnelles, ni du travail d’ergonomie à réaliser en amont de la mise en place d’une couche cosmétique.
A mon sens le travail d’utilisabilité est essentiel lors de la conception fonctionnelle, c’est également une étape de validation importante vis à vis du client ; Cela permet déjà pour lui de se rendre compte que l’expression de ses besoins à été respectée. Ensuite seulement doivent intervenir les webdesigner et intégrateurs sur deux axes :
– le premier est bien évidemment la création de l’identité graphique du client, et là il ne s’agit pas de savoir maîtriser HTML / CSS, mais bien d’un travail de direction artistique.
– le second axe est de renforcer voir de palier ( car on a sûrement dû faire des compromis sur les maquettes fonctionnelles face au client) l’utilisabilité du site grâce aux graphisme, et il s’agit encore là d’un travail de concert entres ergonomes et webdesigners.
– Il me semble également que la fibre artistique de l’intégrateur web n’est pas forcément la plus pertinente dans le sens où tu l’entends, à moins qu’il ait en plus une formation en design, mais si l’on reste dans le cadre générale de son métier, la fibre artistique de l’intégrateur s’exprime plus par sa capacité à intégrer parfaitement le fonds et la forme d’une page web en usant de toutes les ressources HTML / CSS / JS etc dont il dispose. Et CSS3 et comme tu le dis les concept d’améliorations progressive et dégradation gracieuse, font de l’intégration web un enjeux encore plus important.
L’utilisabilité, l’ergonomie, etc. sont évidement essentiel dans la réalisation d’un site, mais dans ce billet, je me suis concentré sur un aspect seulement.
Après pour ce qui est de, je cite : « la fibre artistique de l’intégrateur web n’est pas forcément la plus pertinente dans le sens où tu l’entends », j’ai envie de dire qu’au sens où je l’entends, c’est forcément la plus pertinente 🙂
Il y a la théorie (les études préalables, les métiers bien séparés) et puis la réalité où la plupart du temps, les compétences sont transversales et le temps (ou l’argent) manque, ce qui barre la route à l’étude de solutions originales.
En plus, dans 99% des cas, les agences ou les webdesigners ont tendances à vendre ce qu’ils savent faire et hésitent à changer leur méthodes de travail pour s’adapter aux besoins du client.
Hello,
Je ne suis pas d’accord avec ça :
«Un site Web sobre et/ou minimaliste coûte forcément moins cher qu’un site avec de nombreux graphismes, n’est-ce pas ?»
Pourquoi ? parce qu’on y passe moins de temps ? j’aurais plutôt tendance à dire que moins on y passe du temps, plus on a un graphisme simpliste, mal dégrossi. j’ai toujours en mémoire cette vidéo
dont le propos et que la créativité prend du temps, que ce soit pour quelque chose de minimaliste ou de plus chargé.
la video http://www.youtube.com/watch?v=jgvx9OfZKJw&feature=youtu.be
lionelB -> Dans le « n’est-pas ? » il y avait une pointe d’ironie. Mais une pointe seulement, car bien qu’il soit possible de passer autant de temps à concevoir — du point de vue de la Direction artistique — un design chargé ou minimaliste, on peut au moins tomber d’accord sur le fait que la réalisation d’un site chargé graphiquement devrait prendre plus de temps qu’un site hyper sobre, non ?
on ne met peut être pas le même sens derrière minimaliste mais pour moi trouver le bon « équilibre » dans ce qui ce fait d’épuré est aussi quelque chose qui prend du temps même si le résultat peut paraître simple. La calligraphie illustre selon moi très bien cela (http://thechinesecalligraphist.com/wp-content/uploads/2010/12/Jan-Zaremba_Calligraphic-Birds_Sumi-e.jpg)
Je suis pas sur de bien comprendre ce que tu sous entends du point de vue de la « direction artistique », je suppose que tu parles de la conception, parce que pour la réalisation, je pense que c’est a peu près équivalent
Je veux dire par là que l’on peut passer autant de temps sur la conception (réflexion) sur un design ultra-minimaliste que sur un design ultra-chargé, mais que les temps de réalisation peuvent être très différents. Pour faire simple, si le design ultra-minimaliste n’a pas de visuels, on n’aura pas besoin de les faire 🙂
un design minimaliste (ma référence : apple.com) est en fait un design ultra-travaillé par des graphistes qui déchirent tout. donc d’après moi, « un site chargé graphiquement devrait prendre plus de temps qu’un site hyper sobre » n’est pas totalement vrai. peut être même est le contraire.
de plus, impossible de paraître crédible sans design aujourd’hui, aussi minimaliste soit il, car c’est bien cette étape qui crée l’identité du client, qui elle aussi est indispensable.
Le site apple.com n’a pas vraiment ce que j’appelle un design minimaliste. Je dirais plutôt qu’il est sobre, malgré la charge graphique assez importante. Donc oui, il y a sûrement beaucoup de travail derrière autant en conception (DA) qu’en réalisation. Après, ce que je dis ne s’applique pas toujours ; et puis perso, je ne parle pas vraiment des sites de multinationales qui ont le temps et les moyens de faire ce qu’ils veulent. Je ne joue pas vraiment dans la même cour (et on est nombreux dans ce cas) 🙂
@ Bruno : disons que je suis même un intégraphiSEO 🙂 L’important ne se voit pas toujours à l’oeil nu ! 😉
J’aime bien « intégraphiste », il faudrait le proposer à la commission de néologisme : http://ensmp.net/cstic/
je suis pas d’accord et pas d’accord 😀 parce que croire que parce que y’a 2 trait et 2 typo dans un design minimaliste et plus rapide à faire qu’un truc chargé est faux. Les 2 traits et 2 typo sont placés par hasard, c’est le fruit d’un travail. Par contre ce travail devrait aussi être à faire dans le site « chargé ». Attention donc au raccourci 😉
Je pense qu’on est globalement d’accord, sauf que je mets ça dans la direction artistique, pas dans la réalisation (cf. l’article http://4design.xyz/direction-artistique-design qui précise plus ou moins la distinction entre les deux).