CSS Sans Stress — Une formation intégrateur HTML & CSS

La plupart des formations dédiées à la création de sites web ressemble trop souvent encore aujourd’hui aux formations PAO d’hier où l’on apprenait à utiliser des logiciels sans rien connaitre des aspects «métier». A quoi bon connaitre les différentes manières de faire des colonnes dans Quark XPress ou InDesign et d’importer du texte et des images si l’on a aucune notion de mise en page et de typographie ?! C’est la même chose avec Dreameweaver ou votre éditeur HTML préféré. Les fondamentaux du graphisme et les principes de base de l’ergonomie doivent faire partie intégrante des projets de formation en Webdesign, sans quoi ils sont voués à l’échec.

Introduction

En attendant que les pouvoirs publics ne se décident à financer des formations adaptées — et puisque le Pôle-Emploi est souvent hors du coup et hors des coûts –, se sont des générations de Webdesigners qui sont souvent formés à la va comme je te pousse ! A moins qu’un veilleur bien inspiré de la Région Rhône-Alpes ne vienne lire ce billet…

«Les Standards du Web, connais pas, c’est quoi ? Moi, j’ai suivi une formation en Webdesign Dreamweaver. Mais une fois, le formateur nous a fait cliquer sur le mode Source. Ça ne compte pas ?»
Par Astrid Graeber via Wikimedia Commons

Former des grands débutants à la création de site Web From Scratch est un pari difficile. Voici quelques éléments issus de la formation Chargé d’Intervention Multimédia que j’ai mise en place il y a une dizaine d’années pour le compte de la région Rhône-Alpes.

A l’issue de cette formation, les apprenants devaient être capables de mettre au jour les besoins du client, de formaliser les besoins dans un cahier des charges, de créer l’architecture d’un site internet, de concevoir le design à l’aide de Photoshop et d’Illustrator, de réaliser l’intégration d’un PSD dans Dreamweaver et de comprendre les bases de Javascript, PHP & MySQL.

Si je devais remettre cette formation en place aujourd’hui, je remplacerais Dreamweaver par Notepad++, j’insisterais lourdement sur les CSS 2.1 et CSS3 et la sémantique associée aux balises HTML5 et j’ajouterais la réalisation d’un thème WordPress comme examen de fin d’année 😉

«J’ai bien envie de savoir découper un PSD autrement qu’en exportant toutes les tranches depuis ImageReady, c’est possible ?»
Niabot (Licence GFDL ou CC-BY-3.0), via Wikimedia Commons

Tout au long de la formation, j’insiste sur l’accessibilité, l’ergonomie, les standards du Web, la rédaction Web et le référencement (SEO). J’aborde également les outils de mesure d’audience (Google Analytics, GetClicky, Feedburner) et l’utilisation des réseaux sociaux pour faire la promotion de son site et effectuer une veille technique pro-active.

Ça fait beaucoup de choses, mais distillés par petites touches, ces conseils trouvent leur place et permettent de recadrer la production des apprenants avec des arguments concrets du type : «oui, ton texte est très bien écrit, mais non, en verdana 9px ça passe difficilement et en plus tu risques d’augmenter ton taux de rebond» ou encore : « Ton formulaire de recherche est bien placé mais sans bordure, avec son fond gris clair sur blanc on ne le distingue pas », etc.

Après Css Sans Stress — Auto-formation HTML & CSS avec les Frameworks CSS , ce billet fait partie d’un ensemble d’articles que je compte consacrer à la mise en place d’une formation globale sur l’intégration HTML & CSS dont le nom de code provisoire est :

« CSS Sans Stress & HTML S’en Mêle »

C’est quoi le Web ?

Expliquer comment faire un site Web c’est d’abord dire deux mots sur le Web et l’Internet dans les grandes lignes : histoire, protocoles, notions de client-serveur, débits, navigateurs et enfin la page web elle-même. Un site web n’est qu’une collection de pages reliées entre elles par une intention plus que par une technologie. C’est cette intention qui se traduit par le design dans le sens de «dessein».

A partir de là seulement, on peut évoquer la partie technique : HTML, CSS, Javascript, formats d’images et vidéos puis aller voir sous le capot l’apparence du code source. Pour éviter que l’expression «code source» ne soit source de confusion, j’insiste sur le fait que ni HTML ni CSS ne sont des langages de programmation, contrairement à Javascript côté client ou PHP côté serveur, par exemple.

Une très brève histoire du web

Représentation symbolique du réseau Arpanet (september 1974)
Représentation symbolique du réseau Arpanet (september 1974)
Par Yngvar (Public domain), via Wikimedia Commons

 

En 1969, un réseau connecte les universités d’Utah et de Californie. A partir de 1972 et jusqu’en 1981, les 213 hôtes qui sont reliés donneront naissance au cœur du réseau des réseaux (l’Internet). C’est à cette époque que les RFC sont mises en place : elles permettront de proposer et de distribuer les protocoles qui régissent et font vivre Internet aujourd’hui encore. Source Wikipédia.

Alors, c’est quoi le Web ? La lecture de l’article La plateforme Web de Karl Dubost (@karlpro sur Twitter) est très instructive. Le web est un espace d’information composé d’éléments caractérisés par des identifiants, appelé URI pour Uniform Resource Identifier. En gros, il s’agit de documents accessibles via un identifiant, par exemple une URL. Ce n’est peut-être pas grand chose, mais c’est déjà beaucoup.

Les premiers documents Web

Le site web du consortium du World Wide Web en 1992 encore accessible sur le site du W3.org

Le site web du consortium du World Wide Web (1992)

Les premières pages web sont principalement des documents universitaires, ce qui n’est pas étonnant puisque le Web est né du besoin des universités de partager leurs connaissances ou de confronter leurs travaux. Les balises HTML ont été conçues pour mettre en ligne des documents sémantiques et structurés et HTML5 ne déroge pas à ce sacro-saint principe.

Mise en page en tableaux

Les tableaux ont permis aux Webmasters de proposer des pages moins linéaires. On a ainsi vu apparaitre des en-têtes, des colonnes et des pieds de page. L’augmentation progressive des débits de connexion aidant, les images ont pris peu à peu la place qu’elles occupaient déjà dans les documents imprimés.

Inutile de sortir votre palette et vos pinceaux : la mise en page en tableaux ne fera pas de vous un(e) artiste ! (Photo par Rinina25)
photo by Rinina25 sur Wikimedia

Les tableaux c’était bien, mais leurs limites ont rapidement été atteintes : la maintenance est un casse-tête, l’accessibilité est souvent compromise et le ratio «code vs. contenu» n’est pas du bon côté de la force.

Mise en page avec CSS

Dans les années 2001, on a commencé à se dire que les CSS permettraient de produire des sites web plus efficaces en terme de maintenance, notamment en ce qui concerne la partie liées à la décoration des polices de caractères pour éviter d’alourdir les pages avec trop de «font» . Mais c’est à partir de 2005 (à la louche) que leur utilisation a vraiment commencé à s’imposer dans les esprits grâce au nouvelles possibilités de positionnement des blocs.

Les feuilles de styles CSS de l’intégrateur web ne sont pas fatiguées d’être sexy, elles !
By danBLOO (Own work) Public domain, via Wikimedia Commons

Toutefois, à cette époque encore, les CSS ont la réputation d’être un peu rigides ; les sites un peu funky n’y trouvent pas toujours leur compte. On reproche aux CSS de produire des mise en pages trop «carrés» (bien avant `border-radius`, donc). Pour certains, les CSS permettent tout juste d’arriver à la hauteur des sites Web en tableaux les plus basiques.

La lecture régulière de sites tels que  CybercodeurOpenweb, CSS Zen Garden ou Alsacréations ont permis de tirer le meilleur du couple HTML & CSS vers le haut pour produire des pages Web respectueuses des standards, des maquettes du client et des délais (et des performances).

C’est quoi le graphisme ?

Les notions de Graphisme et de Design sont un peu les «laissés pour compte» dans les formations en création de site web. Tout au plus a-t-on le temps d’enfoncer le clou de la lisibilité et de donner quelques conseils de base concernant les trois mamelles du gris typographique : polices de caractèrescontraste et interlignage.

Ce n’est pourtant pas une mission impossible. Il suffit de rappeler que le graphisme est composé de deux parties distinctes et complémentaires : Direction artistique et Design. La première va définir l’ambiance, le style, ce que le visiteur va ressentir en voyant le site ; tandis que le second est l’application des bonnes pratiques concernant la manière dont sont agencées les composantes de chaque page. Ce n’est jamais que l’expression de l’opposition de principe entre le fond et la forme, l’intention et l’exécution.

Une fois que l’on a bien compris que la direction artistique et le Web Design sont deux choses différentes, on peut se concentrer sur les fondamentaux du graphisme : les principes du design (traduit en français sur pouipouidesign) et les éléments que ces principes doivent organiser.

Graphisme & Webdesign

Voici le minimum syndical dont tout apprenant en Webdesign devrait entendre parler, ne serait-ce que dans les grandes lignes en fonction de la durée de la formation.

Quelques principes de base, un milliard de possibilités

Équilibre (symétrie, asymétrie)

Grille de mise en page au fer à gaucheLes notions de base de notre physique quotidienne comme la masse, la gravité ou encore le vide restent actives lorsque nous regardons une composition graphique. Nous attribuons un «poids visuel» aux éléments qui composent une mise en pages. Cet équilibre peut être arrangé de manière symétrique ou asymétrique.

Dans le premier cas, la composition est répartie autour d’un axe vertical ou horizontal. Il en résulte une impression… d’équilibre, de paix, de stabilité. Dans le cas de l’asymétrie, les éléments sont organisés de manière à produire une plus grande tension visuelle par l’utilisation de plusieurs petits éléments pour équilibrer une plus grande forme, par exemple.

Rythme (régulier, mouvant, progressif)

TartanL’intervalle entre la répétition ou l’alternance d’éléments crée le sens du mouvement et définit des motifs ou des textures. Le rythme peut être régulier lorsque les intervalles ou les éléments sont similaires en taille ou en longueur, fluide avec un mouvement plus organique ou plus naturel, ou encore progressif lorsque des étapes sont suggérées.

Proportion (distribution des formes, échelle et relation entre les éléments)

Il s’agit des dimensions ou de la distribution des formes, mais aussi de l’échelle entre un élément et un autre. Un petit objet à côté d’un plus important peut donner l’impression d’être plus éloigné.

Hiérarchique ou prédominance (quelle place pour quel élément)…

Point de perspective…Ou comment établir la perspective d’une composition et décider de l’importance relative des éléments entre eux selon le premier-plan, le plan médian et l’arrière-plan. Il existe la perspective à deux points de fuite et à trois points. Rarement utilisée, cette dernière est utilisée pour augmenter une perspective représentant des immeubles très hauts, des clochers d’église, etc. Via ABC Dessin.

Unité (d’après la Gestalt théorie)

Gestalt similarityIl s’agit de la composition vue comme un tout, où chaque élément, les liens et les relations qu’ils entretiennent font partie d’une démarche conceptuelle qui pousse l’esprit à établir des liens, à former des catégories ou des groupes porteurs de sens. La nature a horreur du vide, l’esprit humain aussi !

  • Fermeture — L’esprit imagine les pièces manquantes dans une composition,
  • Continuité — L’œil continue dans une direction donnée,
  • Similarité — Relation entre la forme et la fonction,
  • Proximité — Relation entre les éléments et comportement induit,
  • Alignement — Mise en place des objets dans l’espace pour organiser des ensembles cohérents.

La couleur

J’ajoute un topo sur les couleurs, sans lesquelles la vie serait bien triste. Sans entrer dans le détail de la symbolique des couleurs, je retiens que l’on a toujours besoin d’une couleur dominante et de quelques couleurs secondaires.

  1. Couleur dominante (bandeau ou logo) déclinée en 3 couleurs moins saturées et/ou plus claires pour découper la page en blocs fonctionnels.
  2. Couleur tonique pour les titres, déclinée en deux couleurs pour les puces, les pictos ou des textes courts,
  3. Troisième couleur pour les encarts, déclinée en deux couleurs pour les mises en exergue, les traits de séparation,
  4. Couleur typo pour le texte principal,
  5. Fond de page.
Le nuancier Pantone, que les imprimeurs appellent aussi « pantonier » et qui ne comprend pas moins de huit cents teintes, donne en fait les proportions de chacune de ces dix teintes de base
Couleurs Pantone
Nuancier Pantone

Un travail de qualité ne saurait se contenter de ces cinq étapes pour déterminer une palette de couleurs. Néanmoins, cette to-do list permet de franchir le cap de la feuille blanche. N’hésitez à consulter Choisir sa palette de couleurs où vous trouverez pas moins de 14 outils en ligne pour vous aider dans cette tâche. C’est d’ailleurs l’une des phases les plus passionnantes dans le processus de création ; c’est aussi celle qui sera la plus impactante en terme de première impression.

L’idéal serait d’avoir un très beau visuel sur lequel promener la pipette pour recueillir délicatement quelques gouttes de pixels… Ne rêvons pas trop, car la réalité est souvent plus proche d’un logo conçu en fonction des contraintes de l’imprimé versus les possibilités chatoyantes de l’écran.

Le gris typographique

C’est grosso modo l’impression visuelle faite par un pavé de texte que l’on regarde de loin en plissant les yeux (‘-_-‘). En appliquant cette idée du gris typographique à l’ensemble des blocs (et au texte qu’ils contiennent), il est possible de travailler sur le rythme du site et la respiration de la page.

Rythmer la navigation

Nous avons plus haut la notion de rythme appliquée au niveau de la page. Ici, je m’intéresse aux relations qu’entretiennent les différentes pages d’un site en fonction des éléments qu’elles partagent : logo, bandeau et les menus de navigation qui fédèrent par nature les pages d’un site Web. L’enchainement des liens va donner du souffle à la navigation et à l’expérience utilisateur.

Il ne faut pas non plus que le site se transforme en machine à cliquer. Chaque page doit retenir le visiteur en offrant un espace qu’il peut identifier et situer immédiatement par rapport au reste du site. Si ce n’est pas le cas, il faut revoir la copie !

Plan de cours

A l’issue de cette série de billets , je proposerai un plan de cours sur cinq jours pour l’apprentissage de HTML & CSS auprès d’un public de débutants plus ou moins avancés. Cette formation devrait être idéale pour les webdesigners ou les graphistes voulant aller plus loin que le mode «Aperçu» de Dreamweaver ;-).

Exemple pour la première journée :

  1. Lundi

    Matin :

    • Présentation rapide de l’objectif de la formation : exemple de page web à assembler le dernier jours #1,
    • Qu’est-ce que le web (les grands jalons historiques),
    • Qu’y trouve-t-on, (sites web, les blog, pages perso, intranet),
    • La relation client-serveur (comment ça marche, les protocoles utilisés).

    Après-midi :

    • Présentation détaillée de l’objectif de la formation : exemple de page web à assembler le dernier jours #2,
    • Présentation des briques composant l’exemple de la page web sur un support papier distribué aux apprenants,
    • Présentation du code source commenté de la page web en isolant bien chaque brique et en indiquant où elle se situe sur le support papier.

C’est tout pour le moment 😉

PS — Ah, j’oubliais : n’hésitez pas à me contacter pour que nous discutions ensemble de votre projet de formation, que vous soyez débutant, ou pas.